Mais même, imaginons que ce soit effectivement Michel qui lance ce cri de commandement. De qui lui vient de lancer un cri de commandement ? Qui est le commanditaire de cet acte ? Le Père ? Le Fils, peut-être ! Tout est possible.
La vraie question, Thiebault, est de savoir si un ange est à même d'
ordonner au Fils de Dieu de descendre du ciel et de ressusciter les morts. Car c'est bien l'archange qui pousse ce "cri de commandement". En effet, les expressions "
en keleusmati" et "
en phônêi archaggelou" désignent à l'évidence la caractéristique intrinsèque d'un seul et même individu. Cette "voix de chef-messager", pour reprendre votre expression, s'exprime à l'évidence dans un "cri de commandement", digne d'un chef militaire commandant ses armées.
Si l'on traduit ces expressions au sens de datifs circonstanciels de temps ("
à un cri de commandement,
à la voix de l'archange,
à la trompette de Dieu"), cela place inévitablement l'action entreprise par Jésus sous la dépendance directe du commandement d'une créature supposée lui être inférieure. Cela n'a pas de sens, à moins ... à moins que ces trois datifs expriment la
manière (et non la circonstance) comme de nombreuses traductions le font apparaître.
La traduction "
avec un cri de commandement,
avec une voix d'archange" exprime parfaitement la
manière figurée avec laquelle Jésus descend du ciel pour réveiller les morts. Ces expressions soulignent l'
autorité avec laquelle il agit, tel un chef militaire qui commande le rassemblement de ses troupes (voir la note de
Darby). Et c'est bien cette image particulière qu'évoque la "trompette" qu'il utilise figurément à cette fin, ce qui n'est pas sans nous rappeler les propos de Paul aux Corinthiens: "
la trompette sonnera, les morts ressusciteront incorruptibles" - 1 Co. 15:52,
TOB. Cette "trompette", la "trompette finale" comme dit Paul, évoque bien celle d'un commandant d'armée comme le souligne très justement le bibliste W. Vine qui en parle comme d'une "
allusion militaire, familière aux grecs".
Cette "trompette" n'est pas quelconque, tel un instrument utilisé à des fins musicales et profanes. Non, c'est la "trompette
de Dieu". Le bibliste cité plus haut commente cette expression: "
l'absence de l'article suggère le sens suivant: 'une trompette telle que celle que l'on utilise dans le service de Dieu'" -
Vine's Expository Dictionary of New Testament Words; p. 1183. Jésus utilise figurément cette trompette dans le service divin pour accomplir le dessein de Dieu. C'est "par Jésus", le "Dieu fort", que le Père amène ceux qui se sont endormis dans la mort, afin de les rassembler "à la rencontre du Seigneur, dans les airs" (1 Thes. 4:14,17; Is. 9:6).
Thiebault a écrit :Si je vous parle de ce garçon "à la voix de fille", me direz-vous qu'il ne s'agit pas d'un garçon mais d'une fille ?
Si Jésus, s'exprimant "avec une voix d'archange", n'est pas réellement un archange, alors n'est-ce pas le rabaisser que de lui attribuer le caractère intrinsèque d'une créature supposée lui être inférieure et subordonnée? N'est-ce pas porter atteinte à sa dignité de "Seigneur"? Paul ne souligne-t-il pas ici l'autorité avec laquelle Jésus agit? Un Maître, pour faire valoir son autorité et se faire entendre, a-t-il besoin de s'exprimer à la manière de son subordonné?
Non, si Jésus se fait figurément entendre "avec une voix d'archange", c'est précisément parce qu'il s'identifie à l'archange, le seul que mentionnent les Ecritures. S'il pousse figurément un "cri de commandement", c'est précisément parce qu'il est le commandant en chef de toutes les créatures de Dieu. Et à ce titre, il est à même d' utiliser, de manière figurée, la trompette de Dieu pour rassembler ses troupes, en ressuscitant ses disciples qui se sont endormis dans la mort, conformément au dessein de Dieu.
Nous avons donc d'excellentes raisons, à travers les propos de Paul en 1 Thes. 4:16, d'identifier Jésus à l'archange Mikaël.
Les textes mentionnés plus haut par Thiebault, semblant indiquer une distinction entre Jésus et Mikaël, méritent d'être examinés, ce que nous ferons prochainement.
Bien cordialement,
Didier