Yuuichi a écrit :Le fait que deux déclinaisons aient été utilisées est tout simplement là pour montrer qu'il ne s'agit pas de la même personne, car même si Jésus est de nature divine (étant fils de Dieu, il est "un dieu"), il n'est pas Dieu.
Bonjour,
Le système des déclinaisons comprend ce que l’on appelle des « cas ». Le cas d’un mot indique sa
fonction dans la phrase, c’est-à-dire la relation qu’il entretien avec les autres mots de la phrase. En grec ancien (qu’il soit
biblique ou
koinè), il existe 5 cas : le nominatif, le vocatif, l’accusatif, le génitif et le datif.
Ce système nous paraît à première vue étranger car le français a abandonné la distinction des cas. Toutefois, elle survit encore parmi les pronoms. Ainsi, les pronoms « je », « tu, « il », etc. sont au nominatif ; « le », « les » sont à l’accusatif ; « lui » est au datif.
Vous affirmez avec une certitude étonnante que l’utilisation de deux déclinaisons stipule qu’il s’agirait de deux personnes différentes. Voici un passage qui démontre que vous vous trompez lourdement :
Λεγουσν αυτω, Καισαρος. Τοτε λεγει αυτοις, Αποδοτε ουν τα
Καισαρος Καισαρι και τα του
Φεου τω
Φεω.
Constatez ici deux exemples au sein d’un même verset (Mt 22 :21) : César (rendu par /kaysaros/ et par /kaisari/) et Dieu (rendu par /théou/ et par /théo/). Occupons-nous uniquement du mot « Dieu » (
théos en grec).
La première mention est au génitif tandis que la seconde est au datif. Constatez donc : nous avons deux déclinaisons et pourtant il s’agit bel et bien de la même personne : Dieu ! Alors, comment expliquer cela ? C’est simple, nous en avons dit un petit mot au début de ce message.
Le génitif est le cas du complément du nom. Il indique la possession. Dans notre phrase, c’est la partie en gras : « et à Dieu ce qui est
à Dieu ».
Le datif est le cas du complément d’attribution. Dans notre phrase, c’est la partie en gras : « et
à Dieu ce qui est à Dieu ».
Étrangement, dans la version française le datif vient en premier tandis que le génitif vient en second, alors que c’est exactement le contraire en grec ! Ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal. L’avantage des langues qui utilisent encore les cas, c’est que la syntaxe est beaucoup moins rigide que dans les langues qui n’ont pas ou plus de cas.
En effet, en français, vous ne pouvez pas écrire : « Pierre parle à Jésus » si vous voulez affirmer que c’est Jésus qui parle à Pierre. Pour que la phrase soit correcte, il faut impérativement écrire : « Jésus parle à Pierre. » Une langue comme le grec n’a pas cette obligation. Vous pouvez indifféremment écrire « Πετρω λαλω Ιησους » et « Ιησους λαλω Πετρω » car le cas indique que « Ιησους » est le sujet (cas du nominatif) tandis que le cas de « Πετρον » indique qu’il est la personne à qui on fait l’action (cas du datif).
Que Dieu vous bénisse !