Bonjour Thiebault,Thiebault a écrit :Une fois que vous avez assimilé l'existence de Dieu et sa Toute-Puissance, vous prenez comme outil d'approfondissement de votre foi le Livre qu'Il nous a fait remettre : la Bible. Et dans cette Bible, est notamment décrite sans être expressément nommée, la Trinité.
Quel est votre avis, Didier ?
Je vais donc exprimer mon avis sur ce que vous avez écrit précédemment. Revenons à Jean 10:30. La question que je vous avais posée était la suivante:
Comme je l'ai déjà expliqué sur un autre forum, l'adjectif "un", dans le texte grec de ce passage, est au neutre, c'est à dire ni masculin, ni féminin. Littéralement, il désigne "une seule chose". Comme l'explique le bibliste William Vine, il s'emploie ici " de manière métaphorique, [pour exprimer] l'union et l'harmonie dans les intérêts et les sentiments" - Vine's Expository Dictionary of New Testament Words; p. 819. Cet adjectif est employé dans ce sens dans plusieurs passages, comme Jean 11:52; 17:11,21,22.Qu'est-ce qui permet, en Jean 10:30 et dans son contexte proche, d'avoir une bonne intelligence de ce que signifie l'adjectif numéral "un"?
Cet adjectif est utilisé par exemple en 1 Corinthiens 3:8 à propos de l'unité que Paul et Apollos manifestaient dans l'œuvre d'évangélisation consistant à "planter" et à "arroser" les graines de vérité dans le champ symbolique de Dieu. Il s'agit bien ici d'une unité d'action et de but, non de substance, la même que devaient manifester les disciples de Jésus selon Jean 17:21 .
En Jean 17:22, nous lisons:
"Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un" - TOB.
Avez-vous remarqué, Thiebault, que les disciples de Jésus devaient être un "comme" lui-même et le Père étaient un. Jésus était-il en train de parler d'une unité de "substance" en ce qui concerne ses disciples, ou bien plutôt d'une unité d'esprit, d'action et de but?
N'en va-t-il pas de même en Jean 10:30? Qu'est-ce qui, dans le contexte de ce verset, permet d'affirmer que ce dont Jésus parlait était une unité de "substance"? Ne parlait-il pas plutôt d'une unité d'action et de dessein?
Jésus venait d'expliquer à ses interlocuteurs qu'il agissait "au nom" de son Père (Jn 10:25), et que s'il pouvait "se dessaisir" de sa vie, il pouvait également la reprendre car tel était le "commandement", ou l'"ordre", qu'il avait reçu de son Père (Jean 10:17,18). Jésus agissait ainsi en harmonie avec la volonté de Dieu. Il faisait ce qu'il appelle "les oeuvres de mon Père" (Jean 10:37).
Aussi précisa-t-il à ses auditeurs: "sachez bien que le Père est en moi comme je suis dans le Père" (Jean 10:38). Bien sûr, Jésus ne voulait pas dire qu'il se trouvait littéralement dans le Père, pas plus que ce dernier était en lui. L'expression "en moi" est idiomatique. Elle traduit la construction (en [préposition] suivie d'un datif de personne), à propos de laquelle l'ouvrage The New Thayer's Greek-English Lexicon of the New Testament fait remarquer: "[elle s'emploie] d'une personne à qui une autre est complètement unie, et au pouvoir et à l'influence de laquelle elle est soumise, de sorte que la première peut être considérée comme étant le lieu dans lequel la dernière vit et évolue". Thayer ajoute: "Ainsi, [cette préposition 'en'] est, en particulier, utilisée dans les écrits de Paul et de Jean à propos des relations intimes avec Dieu ou avec Christ, et, dans une grande part, emportant, d'après le contexte, l'idée d'un pouvoir et d'une bénédiction résultant de cette union."
Si donc rien dans le contexte de Jean 10:30 ne laisse entendre que Jésus parlait d'une unité de substance, entre lui et son Père, n'est-ce pas aller au delà de ce qu'enseignent les Ecritures que d'affirmer, sur la base de ce verset, que le Père et le Fils sont consubstantiels?
Réfutant l'hérésie de Sabellius au III° siècle de notre ère, qui ne voyait dans le Père et le Fils qu'une seule et même personne, Novatien écrira:
"Un, mis au neutre, suggère un accord entre personnes et non une unité de personne. (...) En outre, le fait qu’Il dise un se rapporte à l’harmonie, à l’identité de jugement et aux relations d’amour elles-mêmes; ce qui est logique, car le Père et le Fils sont un dans l’harmonie, l’amour et l’affection." — Sur la Trinité, chapitre 27.
Oui, en effet, l'adjectif numéral "un" en Jean 10:30 se rapporte bien à l'"harmonie" qui existait entre le Père et le Fils, un "accord" entre eux, une "identité" de jugement. Jésus venait d'affirmer que les "brebis" que son Père lui avait confiées, personne ne les arracherait de sa main, tout comme personne ne peut rien arracher de la main de son Père (Jean 10:29). C'est pourquoi Jésus agissait de concert avec son Père, dans le même but, ou dessein, celui de protéger les "brebis".
On comprend pourquoi Jean Calvin a pu écrire:
"On a de coutume de prendre ce passage pour prouver que Jésus Christ est d'une même essence avec son Père. Mais la déduction de ce texte montre que Jésus Christ parle plutôt de l'accord et du consentement qu'il a avec son Père, que de l'unité de substance" - Calvin's Commentaries
J'aimerais à présent, cher Thiebault, vous poser une question. Vous avez écrit:
"Apprendre à connaître Dieu" est capital, et je suis heureux de vous l'entendre dire. C'est d'ailleurs le souhait que Jésus a exprimé dans une prière fervente adressée à son Père:L'étape la plus importante est d'ouvrir son coeur à Dieu, pour apprendre à le connaître
"Ceci signifie la vie éternelle : qu’ils apprennent à te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ" - Jean 17:3; MN.
A votre avis Thiebault, pourquoi Jésus qualifie-t-il son Père de "seul vrai Dieu"?
Bien cordialement,
Didier