Ecrit le 04 oct. 2007 09:39
Thierry a écrit :
Le texte cunéiforme ancien connu sous le nom de Chronique de Nabonide, dans sa relation de la chute de Babylone, dit que Ougbarou, “ gouverneur du Gutium, et l’armée de Cyrus firent, sans combat, leur entrée dans Babylone ”. Puis, après avoir raconté l’entrée de Cyrus dans la ville 17 jours plus tard, cette inscription déclare qu’il installa Goubarou “ comme gouverneur de (tous) les gouverneurs, à Babylone ”. (Chroniques mésopotamiennes, par J.-J. Glassner, Paris, 1993, p. 204)
“ Il me semble fort probable que Gobryas [Goubarou] ait vraiment été revêtu de la dignité royale et qu’il ait porté le nom ‘ Darius ’, peut-être un vieux titre royal en Iran, pendant que Cyrus était en campagne en Orient. ” (Journal of Biblical Literature, 1921, vol. XL, p. 112, note 19)
Pas besoin d'aller chercher un livre de 1921 pour affirmer qu'un alias est possible. Vous avez le fondamentaliste presbytérien Whitcomb qui en a fait un livre en 1963-
John C. Whitcomb, Darius the Mede (Philadelphia: Presbyterian and Reformed, 1963).
Cependant, il y a
3 gros problèmes avec cette théorie.
1/ Tout d’abord, Gobryas n’était qu’un simple gouverneur qui dû faire allégeance à Cyrus et à l’Empire Perse. S’il tenait à sa position et à sa vie, il aurait était fou et inconscient de défier l’autorité de Cambyses et de Cyrus en s’arrogeant leurs droits et hommages à lui-même comme nous pouvons le lire en Daniel 6
2/ Deuxièmement, pour réconforter les Juifs persécutés pour leur foi subissant les règles païennes de leur dominateur, l’auteur souligne dans tout son livre que c’est Dieu qui installe et dépose les rois (Daniel 1:2 ; 2:21,37 - 38 ; 4:17,25 - 26.32 ; 5:18 - 21.26.28 ; 7:12 - 14.22.27; 11:1) Donc, nous devons comprendre que Darius a reçu directement son royaume de Dieu (et non de quelqu’un d’autre), puisqu’il est le Maitre de l’histoire
3/ Les documents de l’ancien araméen montre que l’expression « recevoir le royaume » signifie « devenir Roi ». Ce que confirme le texte de la Septante, de Theodition, la Peshita et la Vulgate. Exemple : Daniel 9 :1
Le grand problème avec ces spéculations évangéliques que vous nous montrez c’est que c’est en contradiction totale avec les 1/faits archéologiques 2/ le livre de Daniel lui-même.
1/ L’argument
« absence de preuve, n’est pas preuve de l’absence » n’est qu’une parade qui ne peut être utilisé dans ce cas-précis. Si j’admets que le silence doit être utilisé avec précaution, le silence s'élève au niveau du démenti si un autre auteur contemporain avait mentionné un événement particulier porté à notre connaissance où s’il avait vécu au même moment où les faits se sont produits .
Le silence des auteurs romains de l’Antiquité, par exemple, est une excellente évidence que les avions, les trains, et les camions ne furent pas utilisés à Rome aux jours de Jésus !
Les documents babyloniens s'avèrent justement contenir de très nombreuses références à Cyrus comme Empereur, à Cambyses comme roi, et à Gobryas comme gouverneur à Babylone --mais aucune référence pour Darius. Ces faits connus ne laissent aucune place pour le Darius le Mede de Daniel comme Souverain unique de Babylone, prouvant de ce fait sa non-existence à ce moment-là et cela au delà du doute raisonnable.
2/ Daniel (6 :21) et les satrapes (Daniel 6 :6) s’adresse à Darius en disant « Roi Darius, vis éternellement! » (Daniel 3 :9 et 5 :10). L’auteur nous indique très clairement que le nom officiel du roi est « Darius » et non Gobryas . Par conséquent, le silence des documents babyloniens contemporains concernant Darius prouve au delà du doute raisonnable qu'il est factice.
S’il n’est pas exclut à 100% que Gobryas eut comme pseudonyme Darius, l’historien acceptera l’hypothèse la plus plausible et contenant le plus d’évidences et de preuves.
En l’occurrence, pour Gobryas/Darius nous n’en avons absolument pas. Le livre de Daniel lui-même n’en fait pas mention. Cette spéculation théologique fondamentaliste du début du XXe siècle est par conséquent à rejetter.
La vraie raison de cette spéculation n’est pas historique mais d’un intérêt vital pour les fondamentalistes qui tiennent à leur livre de Daniel écrit au VIe siècle av JC. Etant incapable de comprendre qu’un texte peut subir plusieurs couches de composition dans une période de l’histoire où la pseudépigraphie est un sport international et le droit de la propriété intellectuelle inexistante, ils inventent les théories les plus invraisemblables pour conserver une bible intacte de toute critique. Leur monde manichéen est incapable d’admettre la diversité et pour ma part je considère que leur foi est puérile et bien fragile pour se sentir démonter lorsqu’un livre biblique est dénoncé par les historiens comme étant uchronique.
Cordialement.