Ecrit le 21 juil. 2008 10:48
Zouzouspetals a écrit :Aucun passage biblique en particulier, à part en effet Jean 20:25 qui fait allusion à au moins deux clous pour les mains du Christ (alors que le poteau n'en nécessiterait qu'une).
Cependant, même si la Bible ne précise pas la forme de l'instrument de supplice de Jésus, existent toutefois quelques indices indirects :
Vous venez de l'admettre indirectement, "Aucun passage biblique en particulier, à part en effet Jean 20:25 qui fait allusion à au moins deux clous pour les mains du Christ" ne parle de croix comme l'entendent la plupart des chrétiens aujourd'hui. doit-on donc traduire dans nos Bibles ce mot
stauros par "croix", alors que littéralement il se traduit par "poteau" ? A défaut d'avoir des preuves convaincantes, la réponse est non.
1) Le fait que Jésus ait eu à porter son "bois" ; d'une part se pose le problème du poids, comme largement évoqué sur ce fil par de plus compétents que moi ; d'autre part, reste sans réponse les questions que j'ai posées sur ces fameux poteaux, si telle était la forme de l'instrument de supplice de Jésus.
Je vous réponds non là aussi, le poids ne pose pas de problème, dans les posts précédents, j'ai démontré pourquoi. Par contre, je note que vous n'avez pas l'avis des tenants de la croix en général qui pensent que c'est l'instrument entier, le poteau et sa traverse, qui fût porté par Jésus lorsqu'il gravit le mont Golgotha.
Que sont devenus les trois poteaux après les exécutions ? Ont-ils été rangés en attendant une exécution ultérieure (et par qui ont-ils été redescendus à Jérusalem ?) ; ou bien sont-ils demeurés sur le Golgotha en vue d'un autre supplice ?
Je vous reconnais bien là. Toujours à poser des questions ultra-pointues auxquelles il est quasiment impossible de répondre, à moins bien sûr d'être le pote à Mc Fly (c.f. Retour vers le futur), ce qui n'est pas mon cas. Vous ne serez donc pas surprise si je ne vous réponds pas (souriez, vous avez atteint votre but...).
L'idée de poteaux déjà plantés au sommet de la colline, ne requérant plus que des suppliciés portant la poutre transversale sur laquelle leurs mains allaient être attachées ou clouées, me semble la solution la plus pratique. Et je crois que les Romains étaient les champions du bon sens pratique ; aux Grecs les subtilités intellectuelles, aux Orientaux les raffinements, le Romain était un terrien doué pour l'organisation et le droit. C'est sans doute très caricatural, comme le sont tous les jugements généraux sur les peuples ; mais quand on exécute fréquemment, quelle que soit la méthode, on finit par aboutir à des procédures "standardisées" et commodes, pour obtenir le maximum de rendement en un minimum d'efforts.
C'est horrible ce que j'écris, mais il ne faut pas oublier que c'est pour nous que la mise à mort du Christ est particulière. Pour les Romains qui l'ont exécuté, en revanche, ce n'était qu'un condamné comme les autres, sans raison particulière de le traiter différemment. Les Romains utilisaient le crucifiement pour les esclaves et les condamnés de droit commun, il n'y a pas de raison, pour moi, qu'ils aient fait exception en l'occurence.
Oui, et dans les instruments que les Romains employaient pour mettre à mort un criminel, il y avait le
crux simplex.
2) Le fait que la Croix soit devenue le symbole par excellence du christianisme. Même si ce symbole existait avant la naissance du Christ, le poteau aussi. Pourquoi alors, si Jésus était mort sur un poteau, ses disciples auraient-ils adopté la croix comme symbole ?
Je ne pense pas que cet argument soit probant Zouzouspetals car justement, RIEN, absolument RIEN n'indique que les premiers disciples du Christ aient adopté "la croix comme symbole".
Thiebault a écrit :Le crucifiement était tellement infâmant que les évangélistes nous font grâce des détails.
Votre remarque est très intéressante Thiebault, vous déclarez implicitement que, dans les Evangiles, il n'y a pas de "détails" concernant l'objet sur lequel Jésus fût pendu, et vous avez absolument raison, or c'est justement là qu'il vous est possible de comprendre notre position. Bien que je participe à ce post qui grosso modo soulève une question, poteau ou croix ?, l'instrument sur lequel Jésus fût cloué n'a finalement pas d'importance, sinon les évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean, nous l'auraient détaillé, comme ils ont détaillé le déroulement de son supplice, d'où notre traduction littérale, et non notre traduction exégétique. Mais voilà, notre position est vivement critiquée parce que vous êtes catholiques, vous croyez que Jésus est mort sur une croix, vous vous prosternez devant des icônes qui la figurent, et vous allez jusqu'à la mimer dans vos prières (le signe de croix), il parait donc évident que vous (et vos coreligionnaires) souhaitiez à tout prix justifier ce point, qui n'est en réalité qu'un détail absent des Ecritures, et que vous rejetiez l'idée que le mot
stauros soit traduit pour cette dernière raison par poteau lorsqu'il concerne l'instrument de supplice de Jésus.
Les témoins de Jéhovah affirment que Jésus a été fixé à un simple poteau. Or, il appert très clairement que le crucifiement était une méthode de mise à mort de plusieurs siècles antérieure à la mort de Jésus. On la cite chez les Carthaginois, chez les Égyptiens, chez les Celtes, chez les Grecs, chez les Perses, chez les Romains, chez les Indiens... S'il était impossible de confondre le stauron avec l'assemblage de deux bois dont l'un est en travers de l'autre, il faut nécessairement que les Grecs et les Romains aient eu un terme spécifique pour cet assemblage. Il n'en a jamais été retrouvé. Les hellénistes, qui sont au grec classique ce qu'Irmeyah est au français, traduisent sans problème le mot stauron par croix si le contexte le permet. Ainsi, chez Flavius Josèphe, dans le récit du siège de Masadah et de Machéronte, il est fait mention de "croix".
"si le contexte le permet", mais justement, le contexte n'est pas aussi permissif que vous semblez le croire, Thiébault. Par exemple dans les manuscrits grecs, il y a un autre terme qui désigne cet instrument,
xulon. Dans un contexte autre que la mort de Jésus, il se retrouve en Ezra 6:11 : "Et par moi ordre a été donné : quant à quiconque violera ce décret,
une pièce de bois sera arrachée de sa maison et il sera attaché dessus, et sa maison sera transformée en latrines publiques, à cause de cela." Voilà qui laisse songeur, ici, il est parlé d'une "pièce de bois", si un instrument de torture, composé d'une seule pièce de bois, le
crux simplex, existait à l'époque où Jésus est exécuté, pourquoi devrions-nous voir dans les déclarations de Luc, Paul et Pierre, lorsqu'ils désignent cet instrument par
xulon, le
crux commissa (composé de deux pièces de bois) et pas le
crux simplex ?
Étant donné que ce terme distinctif n'existe pas, nous nous trouvons devant ce que l'on appelle en linguistique (Irmeyah confirmera mon propos) un "glissement sémantique". On observe ce phénomène dans toutes les langues, à toutes les époques. Donc, le mot stauron signifiait, au départ, uniquement "poteau", "piquet". Par la suite, étant donné que l'élément principal de la croix reste le stauron, les Grecs ont nommé cet assemblage stauron.
stauros n'en garde pas moins son sens primitif.
Pour en revenir au seul passage de la Bible qui permet de savoir si Jésus a été cloué à un piquet simple ou à un assemblage donnant la forme d'un T ou d'une croix latine, il est beaucoup plus concluant que vous ne le croyez, Edom. Thomas mentionne bien les mains et demande à voir la marque des clous.
On peut discuter mille ans de l'opportunité du symbole de la croix dans le rite chrétien. On peut tout autant discuter de la divinité du Christ. Ces notions relèvent de la foi et de l'interprétation des Écritures. Mais concernant ce passage, il ne s'agit que de comprendre. Or, et j'en appelle encore à Irmeyah pour confirmer mon propos, si l'interprêtation relève du droit du lecteur à qui il revient de se forger une opinion sur ce qu'il croit déceler dans le texte, la compréhension relève, quant à lui, du droit du texte et expose clairement sans qu'il y ait besoin d'interprêter, d'où un consensus entre les lecteurs. Ne pas admettre qu'il y avait plusieurs clous pour les mains et que ces mains étaient dès lors disposées en croix, c'est se leurrer et refuser de voir la réalité en face.
Une explication plausible a déjà été donnée sur ce texte. Libre à vous d'y souscrire.
Quand je vois la polémique que suscite cette question, je me dis que l'on passe vraiment à côté du message du Christ... C'est triste !