Ecrit le 19 juil. 2008 04:15
Enilis a écrit :Tiré d'une publication de la Watchtower parue en 1998 :
La plupart des traductions de la Bible disent que Jésus fut “ crucifié ” et non “ attaché sur un poteau ”. Cela est dû à la croyance répandue selon laquelle l’instrument de supplice auquel Jésus fut pendu était une “ croix ” faite de deux pièces de bois et non un simple pieu ou poteau. La tradition, et non les Écritures, dit aussi que le condamné ne portait pas les deux pièces de la croix, mais uniquement la traverse, appelée patibulum ou antenna. Certains essaient ainsi d’éluder la question du poids de la croix, trop lourde pour qu’un seul homme la traîne ou la porte au Golgotha.
Mais qu’écrivirent les rédacteurs mêmes de la Bible sur le sujet ? Ils utilisèrent le nom grec stauros 27 fois et les verbes stauroô 46 fois, sunstauroô (le préfixe sun voulant dire “ avec ”) 5 fois et anastauroô (ana signifiant “ encore ”) une fois. Ils employèrent aussi 5 fois le mot grec xulon, qui signifie “ bois ”, pour désigner l’instrument de supplice sur lequel Jésus fut cloué.
Stauros, tant en grec classique qu’en koinè, n’emporte aucunement l’idée d’une “ croix ” faite de deux pièces de bois. Il désigne exclusivement un poteau vertical, un pieu ou un pilier, ou perche, comme on pourrait en utiliser pour élever une palissade. Le Dictionnaire encyclopédique de la Bible par A. Westphal (Valence-sur-Rhône, 1973, tome premier, p. 257) dit à l’article “ Croix ” : “ Le mot croix [...] traduit (comme crux de la Vulg.) le gr. stauros, qui signifie d’abord pieu (élément de palissade ou de fortification), pal (instrument de supplice employé par Assyriens, Perses, Carthaginois, Égyptiens), ou encore poteau auquel était attaché ou suspendu le supplicié jusqu’à ce que mort s’ensuivît. ” — Voir aussi New Bible Dictionary, par J. Douglas, 1985, p. 253.
Le fait que Luc, Pierre et Paul employèrent également xulon comme synonyme de stauros est un argument supplémentaire montrant que Jésus fut exécuté sur un poteau vertical sans traverse ; c’est là en effet ce que signifie xulon dans ce sens spécial (Ac 5:30 ; 10:39 ; 13:29 ; Ga 3:13 ; 1P 2:24). On trouve aussi xulon dans la Septante en Ezra 6:11 où il est question d’une seule poutre ou pièce de bois sur laquelle on devait attacher celui qui transgressait la loi.
La Traduction du monde nouveau transmet donc fidèlement au lecteur cette notion fondamentale du texte grec en rendant stauros par “ poteau de supplice ” et le verbe stauroô par “ attacher sur un poteau ”, c’est-à-dire fixer sur un poteau. De cette manière, il n’y a pas de confusion entre stauros et les croix de la tradition ecclésiastique. Le fait qu’un seul homme comme Simon de Cyrène porta un poteau de supplice, ainsi que le relatent les Écritures, est tout à fait plausible, car, en supposant que ce poteau faisait 15 cm de diamètre et 3,50 m de long, il ne pesait probablement guère plus de 45 kg. — Mc 15:21.
Voici ce que dit W. Vine à ce propos : “ STAUROS (σταυρός) désigne fondamentalement ‘ un pieu ou un poteau vertical ’. On y clouait des malfaiteurs. Le nom comme le verbe stauroô, qui signifie ‘ fixer à un pieu ou à un poteau ’, sont à distinguer, quant à l’origine, de la ‘ croix ’ ecclésiastique composée de deux pièces de bois. ” Cet helléniste mentionne ensuite l’origine chaldéenne de la croix à deux pièces et explique que la chrétienté l’emprunta aux païens au IIIe siècle de n. è. pour en faire le symbole de l’exécution du Christ. — Vine’s Expository Dictionary of Old and New Testament Words, 1981, vol. 1, p. 256.
Le commentaire suivant, tiré du livre The Cross in Ritual, Architecture, and Art, est digne d’intérêt : “ Fait étrange mais incontestable, dans les siècles qui ont précédé la naissance de Christ et, depuis lors, dans des pays qui n’ont pas été touchés par l’enseignement de l’Église, la croix a été utilisée comme symbole sacré. [...] Les adorateurs de Bacchus, en Grèce, de Tammouz, à Tyr, de Bel, en Chaldée, et d’Odin, en Norvège, représentaient chacune de ces divinités par un symbole en forme de croix. ” — Par G. Tyack, Londres, 1900, p. 1.
Le livre The Non-Christian Cross, de John Parsons (Londres, 1896), déclare quant à lui : “ Dans le grec original, pas un seul des nombreux livres du Nouveau Testament ne contient la moindre phrase prouvant même indirectement que le stauros utilisé pour Jésus était autre chose qu’un stauros ordinaire ; rien ne prouve, à plus forte raison, qu’il se composait non pas d’une, mais de deux pièces de bois clouées ensemble en forme de croix. [...] Ce n’est pas chose insignifiante que nos instructeurs nous trompent lorsque, traduisant les textes grecs de l’Église dans notre langue maternelle, ils rendent le mot stauros par ‘ croix ’ et qu’ils récidivent en faisant correspondre ‘ croix ’ à stauros dans nos dictionnaires, sans prendre le soin d’expliquer que ce n’était en aucun cas la signification de ce mot aux temps apostoliques, que ce terme n’a revêtu ce sens principal, si tant est qu’il l’ait eu, que longtemps après, et encore parce que, sans preuves valables, on a supposé pour une raison quelconque que le stauros sur lequel Jésus avait été exécuté avait cette forme particulière. ” — P. 23, 24 ; voir aussi The Companion Bible, 1974, appendice no 162.
Très intéressante, cette "publication de la Watchtower parue en 1998". Elle permet de constater d'où la Société des Témoins de Jéhovah tire sa grande érudition : d'encyclopédies plus ou moins actuelles, et d'ouvrages spécialisés du siècle dernier.
Et de quels spécialistes ! :
- l'auteur du livre "The Cross in Ritual, Architecture, and Art" est le
Reverend Geo S. Tyach (je me demande pourquoi son nom n'apparaît pas dans l'article de la WT ;-)), qui a écrit des
ouvrages de vulgarisation (sur les cloches, sur l'histoire du costume clérical, sur les Traditions et légendes de l'Eglise d'Angleterre...)
- John Denham Parsons was an English writer. He was a
member of the Society for Psychical Research. He attempted
pamphlet controversy with Sir Sidney Lee and authorities at the British Museum over the Shakespeare authorship question.
Works
▪ The Non-Christian Cross: An Enquiry into the Origin and History of the Symbol Eventually Adopted as That of Our Religion, 1896
▪ The Nature and Purpose of the Universe, 1906
▪ The great taboo in English literary circles, 1919
▪ Ben Johnson and Sir Sidney Lee, 1920
▪ Boycotted Shakespeare facts
▪ Bacon: Being an account of seven years of refusal by the accepted authorities to supply a reasoned judgement concerning certain new evidence affecting.. the identity of the poet Shakespeare, 1922
▪ The British Museum and Shakespeare's identity, 1924
▪ Did "Shake-speare" signal?
[From Wikipedia, the free encyclopedia]
Où sont donc les recherches des historiens, des archéologues, des médecins, des spécialistes de la religion ?
Que disent les érudits contemporains ?
Parce que, pour prouver sans l'ombre d'un doute le poteau au détriment de la croix, il ne suffit pas de recourir à quelques vulgarisateurs et pamphlétaires de la fin du XIXe siècle.
En revanche, cet article est sans doute un indice du genre de littérature dans laquelle la Watchtower a puisé ses sources pour rejeter la croix et mettre en avant sa propre hypothèse.
Ne réponds pas à un homme stupide selon sa sottise, de peur que tu ne deviennes pareil à lui, toi aussi.
Réponds à un homme stupide selon sa sottise, de peur qu’il ne devienne un sage à ses yeux.
(Proverbes 26:4,5, TMN)